Quel est ton parcours ?
Je suis née en ex-Yougoslavie, Macédoine. J’y ai fait des études d’architecture, que j’ai continué aux Beaux-Arts de Paris en arrivant en France. Pendant 25 ans, j’ai travaillé dans des agences en tant qu’architecte-chef de projet. Malgré la qualité du travail réalisé par ces agences, quelque chose me manquait.
À 50 ans, je me suis dit : « C’est maintenant ou jamais ! ».
J’ai alors décidé de sortir des sentiers battus, et de prendre une voie nouvelle dans la pratique de l’architecture. Une pratique qui met l’utilisateur (actuellement simple spectateur) en position d’acteur du processus de création d’un lieu de VIE.
Quel est ton projet aujourd’hui ?
La rencontre avec Armelle Agneray a été décisive pour se lancer, et depuis un an nous développons ensemble cette démarche. Organisés au sein d’un collectif pluridisciplinaire faisant partie d’Alter-Bâtir, (coopérative d’activité et d’emploi spécialisée en écoconstruction), nous accompagnons et facilitons l’émergence de lieux coopératifs.
Nous agissons avec les utilisateurs d’un lieu : habitants, voisins, acteurs locaux, mais aussi avec les acteurs de la construction : artisans, ouvriers, expert… pour co-créer et construire un lieu, tout en facilitant la maitrise de l’impact social, local et environnemental du projet. Intégrer les communautés dans la création de leur espace permettra la conception d’environnements plus adaptés, plus vivants. Nous espérons ainsi provoquer l’enchantement et la créativité et co-réaliser des lieux participatifs, inattendus et inclusifs.
Notre rôle principal est le déclenchement de ce phénomène, qui est la création collective d’un lieu. Créer la dynamique, que l’individu s’affirme en devenant créateur et en s’appropriant le projet, le lieu. Pour cela, nous animons des ateliers de co-création. Nous cherchons à ce que notre travail soit un moment de fête, de joie et de rencontre. Brainstorming, jeux, prototypage, dessins, maquettes, fêtes et repas partagés rythment nos rencontres…
Des experts, des artisans, des ouvriers participent et interviennent lors des ateliers et nous apportent des informations nécessaires aux prises de décisions et à l’avancement du projet. Nous établissons ensemble un carnet de route regroupant les acquis de nos ateliers de travail sous différentes formes (photos, plans, maquette, installations à l’échelle réel, texte, dessins…). Nous trouvons ensemble les solutions innovantes économes en ressources et en énergie, adéquates, ouvertes. Ensuite, nous accompagnons l’avancement du chantier et sa réception festive.
Aujourd’hui, 3 projets pilotes avancent suivant cette démarche : 1 crèche parentale, 1 maison individuelle et des ateliers « design ton lycée » au Lycée Autogéré de Paris (15e).
"Nous nous inspirons beaucoup des habitats participatifs et des architectes ayant déjà réfléchi et travaillé sur le sujet : Yona Friedman, Lucien Kroll, Françoise-Hélène Jourda, Patrick Bouchain…"
Je suis très contente de voir que la voie que nous avons prise n’est pas si déserte que ça, que d’autres collectifs et groupes œuvrent dans le même sens. Nous cheminons ensemble vers une nouvelle voie dans la pratique de l’architecture et de la construction.
Pourquoi le coworking ?
Les espaces de coworking sont des lieux collectifs où les gens s’appliquent pour que cela fonctionne. En fin de compte, nous avons la même approche.
Et Casaco ?
La première fois que je suis venue à Casaco, j’ai découvert une atmosphère particulière, un lieu atypique et accueillant, fait de la contribution de chacun.
"Chacun a la liberté de continuer à participer à la construction de ce lieu, qui est en permanente évolution."
Pour en savoir + sur le coworker du mois